Oasis by Dima Zales

Auteur:Dima Zales [Zales, Dima]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Publié: 2016-11-09T23:00:00+00:00

16

J’inhale la gelée, mais la douleur n’empire pas.

En fait, la brûlure s’arrête.

Je me sens immatériel. J’ai l’impression d’être un rayon de soleil brillant dans un couloir très éclairé par de la lumière blanche.

Un ancien penserait sans doute qu’il entre dans la vie après la mort, puisque cela correspond à la description de ce que pourrait être cette expérience. Étant donné les circonstances, je pourrais envisager que cette théorie est plausible, sauf que j’en ai une meilleure.

J’ai déjà traversé cela plus tôt dans la journée, même si j’ai l’impression que cela fait des lustres.

J’ai la sensation du retour de mon corps, mais je ferme les yeux. Quand je les ouvrirai, je saurai avec certitude si j’ai raison.

— Theo ? dit Phoe.

J’ouvre les yeux.

Je suis debout dans une grotte. Des stalactites pendent au-dessus de moi et sur le sol se trouvent des stalagmites et tout un inventaire d’objets dangereux divers.

Le magnifique visage de fée de Phoe est crispé d’inquiétude.

Elle se tient à côté d’un grand écran. Dessus, il y a ce que je suppose être mon activité neurale. Mon cerveau ressemble à un essaim d’abeilles en guerre avec une fourmilière, en accéléré. Cela me fait revivre les terreurs dont j’ai fait l’expérience par un étrange biofeedback.

L’écran disparaît. Phoe a dû se rendre compte que je me remettrai plus facilement sans le voir.

— Calme-toi, s’il te plaît, dit Phoe d’une voix incarnant l’apaisement. Tu es revenu.

Tout au fond de moi, je connais les réponses, mais je ne peux pas m’empêcher de poser les questions à haute voix.

— Tu n’as pas détruit tout le monde ?

Je fais un pas en avant et un mouvement tressautant de la main, comme si les habitants d’Oasis se cachaient aux abords de la grotte.

— Tu n’es pas l’instructrice Filomena ?

Phoe me regarde, l’incompréhension venant remplacer l’inquiétude dans ses yeux.

— Tout ça, c’était ce putain de jeux ? dis-je plus fort avant de faire un pas en arrière. Rien n’était réel ?

Phoe s’approche de moi et me prend dans ses bras. Je ne lutte pas contre ce câlin, le second que j’ai reçu de ma vie, même si cette fois, il est différent. Cette fois, ce geste social ancien est fait pour m’apaiser, et il est plutôt efficace. Quand l’odeur et la chaleur du corps de Phoe m’enveloppent, mon pouls ralentit, passant de supersonique à tout juste cinq cents kilomètres-heure.

Elle me frotte le dos en faisant des mouvements circulaires qui m’apaisent également.

— Chut, chuchote-t-elle à mon oreille. Tu es là. Tu es en sécurité.

— Mais c’était tellement réel. Je suis mort, dis-je en inspirant et en tremblant. Liam est mort aussi. Tout le monde.

J’essaie de m’écarter sans conviction, mais elle serre les bras autour de moi. Baissant ma voix presque jusqu’à subvocaliser, j’ajoute :

— Tu m’as trahi.

— C’est terminé.

Elle me caresse doucement les cheveux.

— Je ne te trahirais jamais. Comment as-tu pu le penser ?

J’inspire encore et quand je souffle, je lui dis :

— Tout est allé si vite.

Elle me laisse partir, fait un pas en arrière et me regarde solennellement.

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